Bruno Hirout

Membre du bureau politique du Parti de la France

Contre le sédévacantisme

Mon opinion

J’écris cet article pour expliquer mon point de vue, mais voici le fond de ma pensée qui tient en une ligne : C’est le Christ qui a fondé l’Eglise, il n’appartient pas aux créatures de s’en séparer.

Définition

Tout d’abord, pour mes lecteurs qui ne sauraient pas ce qu’est le sédévacantisme, en voici un résumé : C’est l’opinion qui consiste à dire que le pape n’étant pas un vrai pape, le poste n’est plus occupé, ce qui s’exprime en latin par la formule « Sede vacante ».

Sédévacantisme et protestantisme : même combat

Comme chez les protestants, il y a chez les sédévacantistes une multitude de doctrines. C’est logique, car à partir du moment où une créature décide de se révolter contre l’Eglise, qu’est-ce qui pourrait l’obliger à se soumettre à une autre doctrine ? Du coup, potentiellement, il y a autant de doctrines sédévacantistes qu’il y a de sédévacantistes, tout comme il y a potentiellement autant de doctrines protestantes qu’il y a de protestants, puisque chacun juge le pape et interprète les textes de l’Eglise « en son tribunal privé », comme le dénonçait déjà Monseigneur Lefebvre en janvier 1983 lors d’une conférence à des séminaristes.

Pour être bien clair, voici le tableau des divergences entre les différents courants sédévacantistes, listées par les auteurs du livre Le Sédévacantisme, paru en 2015 aux Editions du Sel :

 

Tous les sédévacantistes sont-ils d’accord entre eux ?

Non, loin de là.

Dispersés, les sédévacantistes le sont au moins selon six lignes de clivage :

 

  • Vacance totale / vacance formelle et permanence matérielle.
  • Acceptation des sacres sans mandat apostolique / refus de ces sacres.
  • Rejet hors de l’Eglise de tous ceux qui ne sont pas sédévacantistes / refus d’un tel rejet.
  • Les lois ecclésiastiques gardent leur force impérative / les lois sont privées de force exécutoire.
  • Acceptation du principe d’un conclave hors lignée romaine / refus d’une telle possibilité.
  • La vacance de l’autorité dure depuis la mort de Pie XII / depuis Pacem in terris / depuis la mort de Jean XXIII / depuis la proclamation de la liberté religieuse (7 décembre 1965).

 

Cela nous donne, sauf erreur, 256 possibilités.

Mais ce qui est commun à tous les sédévacantistes, c’est qu’ils pensent qu’on ne doit pas prier publiquement pour le pape.

 

256 possibilités ! C’est anarchique ! Quel bazar ! Faut-il une autre preuve de l’absurdité de s’éloigner de l’Eglise de Notre Seigneur Jésus Christ ?!

Mise au point

En mettant mes lecteurs en garde contre l’erreur du sédévacantisme, loin de moi l’idée de fermer les yeux sur les divagations modernistes et droits-de-l’hommistes de l’Eglise, qui traverse une crise, et c’est justement cette crise qui envoie des âmes se perdre dans le schisme. La bonne réponse à cette crise, c’est le courant traditionaliste, c’est-à-dire les catholiques qui restent catholiques. Être un catholique qui reste catholique, cela se manifeste principalement par deux actes :

 

  • Rester membre de l’Eglise de Notre Seigneur,
  • Rester fidèle à la doctrine catholique et à la messe de toujours.

 

En aucun cas cela ne peut consister à claquer la porte comme un adolescent en crise.

Le faux argument de l’infaillibilité

 Parfois, pour justifier leur révolte, les sédévacantistes vont chercher des arguments « juridiques ». L’un des arguments que j’ai le plus entendu, c’est que le Concile Vatican II étant couvert par « l’infaillibilité du magistère ordinaire universel », celui-ci ne peut pas tomber dans l’erreur, or il y tombe au moins sur la question de la liberté religieuse. Si on suit la logique des sédévacantistes, ce qui s’est passé au Concile est impossible, sauf si Paul VI n’est pas pape au moment où l’erreur est proclamée. Là encore, pour comprendre de quoi il retourne vraiment, je vous renvoie vers le livre Le Sédévacantisme :

En réalité, si l’on acceptait ce raisonnement, il faudrait dire que toute l’Eglise catholique a disparu à ce moment, et que « les portes de l’enfer ont prévalu contre elle ». Car l’enseignement du magistère ordinaire universel est celui de tous les évêques, de toute l’Eglise enseignante.

En réalité, l’enseignement du Concile et de l’Eglise conciliaire n’est pas couvert par l’infaillibilité du magistère ordinaire universel. En effet, le magistère conciliaire ne se présente pas comme enseignant des vérités à croire ou à tenir « de façon ferme et définitive ». L’enseignement conciliaire ne se présente plus comme « nécessaire au salut » (c’est logique, puisque ceux qui le professent pensent qu’on peut se sauver même sans la foi catholique).

N’étant pas imposé avec autorité, cet enseignement n’est pas couvert par l’infaillibilité.

On peut dire la même chose des lois liturgiques (nouvelle messe, nouvelles canonisations…) et canoniques (nouveau Droit canon) posées par les derniers papes : elles ne sont pas couvertes pas l’infaillibilité, alors que normalement elles auraient dû l’être.

Le pape est pape

Pour ceux qui pensent que le pape ayant des idées hérétiques, il n’est donc plus le pape, (raisonnement amusant de la part de gens qui, du coup, se font schismatiques) je laisse au père Garrigou-Lagrange le soin de vous répondre (en conclusion du traité De Christo Salvatore que je vous invite à lire) :

Le pape est constitué membre de l’Eglise par sa foi personnelle, qu’il peut perdre, et tête de l’Eglise visible par la juridiction et le pouvoir qui peuvent coexister avec l’hérésie interne. L’Eglise apparaîtra toujours visible comme une réunion de membres « placés sous une tête visible », à savoir le pontife romain, bien que certains de ceux qui apparaissent être membres de l’Eglise puissent être des hérétiques intérieurs.

Et voici un autre extrait révélateur de ce traité :

Tandis qu’une tête physique ne peut exercer d’influence sur les membres sans recevoir l’influx vital de l’âme, une tête morale, comme l’est le pontife romain, peut exercer une juridiction sur l’Eglise même si elle ne reçoit de l’âme de l’Eglise, aucune influence de foi interne et de charité.

Ma conclusion

Pour en finir avec la tentation sédévacantiste, je vous invite à vous comporter en adultes responsables, ou en enfants de Dieu, à faire, comme en politique, preuve de bon sens élémentaire : si l’Eglise de mon Seigneur est en danger, je ne la quitte pas en la montrant du doigt, mais je reste pour y tenir fermement l’héritage catholique qui m’a été transmis depuis le premier pape Pierre, en priant pour que le chef actuel revienne dans le droit chemin. C’est cela, être catholique !

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V
Tu es aussi dans l'erreur vu que tu crois en la politique qui n'est qu'un cirque franc-maconnique ensuite le pape françois est hérétique se mettant a genoux devant des rabbins juifs de plus benoit 16 a demissionné car le bras droit de padre pio avait revelé des choses grave sur lui et jean paul II a embrassé un coran livre qui renie la mort du christ sur la croix. Je suis un ancien protestant maintenant catholique et ne pas suivre le pape actuel ne veut pas dire que l'on ne suit plus le christ monsieur
Reply
E
Bonjour monsieur Vincent.<br /> Tout d'abord, vous semblez dire qu'on ne peut pas faire de bonne politique, que tout est fichu, ce qui est plutôt étrange. Les choses ne peuvent-elles pas êtres améliorées ?<br /> Ensuite, se mettre à genoux devant des personnes est un geste de respect (présent de nombreuses fois dans la Bible). Est hérétique toute personne faisant preuve de respect envers des personnes juives ?<br /> On observe surtout des erreurs de logiques. "Benoît XVI a démissionné car etc..." et alors ? Ca veut dire qu'il n'est pas vraiment Pape, ou que son successeur ne l'est pas ? Se mettre à genoux devant des rabbins veut de dire que François n'est pas Pape ? Où est le lien logique ?<br /> Jean-Paul II a embrassé un coran, et alors ? ça veut dire qu'il n'est pas vraiment Pape ? Où est le lien logique ? Pierre aussi n'a pas toujours adopté la bonne attitude, il s'est fait reprendre par Saint Paul, ce qui n'enlève rien au fait qu'il était vraiment le chef des Apôtres. <br /> Et même si le Pape était vraiment hérétique, il demeurerait validement Pape, puisque peu importe ce qu'il se passe au for interne, en ce qui concerne le for externe, il faudrait qu'il soit déposé juridiquement, chose qui est impossible puisque le Pape n'a pas d'autorité visible ici-bas pour pouvoir le faire.<br /> Si vous estimez que par un "tribunal mental", vous pouvez décider par votre propre autorité que telle personne est Pape ou non, je trouve que vous êtes en effet encore attaché au protestantisme. <br /> <br /> Bonne journée, en union de prières.