November 18 2017
Mon opinion
J’écris cet article pour expliquer mon point de vue, mais voici le fond de ma pensée qui tient en une ligne : C’est le Christ qui a fondé l’Eglise, il n’appartient pas aux créatures de s’en séparer.
Définition
Tout d’abord, pour mes lecteurs qui ne sauraient pas ce qu’est le sédévacantisme, en voici un résumé : C’est l’opinion qui consiste à dire que le pape n’étant pas un vrai pape, le poste n’est plus occupé, ce qui s’exprime en latin par la formule « Sede vacante ».
Sédévacantisme et protestantisme : même combat
Comme chez les protestants, il y a chez les sédévacantistes une multitude de doctrines. C’est logique, car à partir du moment où une créature décide de se révolter contre l’Eglise, qu’est-ce qui pourrait l’obliger à se soumettre à une autre doctrine ? Du coup, potentiellement, il y a autant de doctrines sédévacantistes qu’il y a de sédévacantistes, tout comme il y a potentiellement autant de doctrines protestantes qu’il y a de protestants, puisque chacun juge le pape et interprète les textes de l’Eglise « en son tribunal privé », comme le dénonçait déjà Monseigneur Lefebvre en janvier 1983 lors d’une conférence à des séminaristes.
Pour être bien clair, voici le tableau des divergences entre les différents courants sédévacantistes, listées par les auteurs du livre Le Sédévacantisme, paru en 2015 aux Editions du Sel :
Tous les sédévacantistes sont-ils d’accord entre eux ?
Non, loin de là.
Dispersés, les sédévacantistes le sont au moins selon six lignes de clivage :
Cela nous donne, sauf erreur, 256 possibilités.
Mais ce qui est commun à tous les sédévacantistes, c’est qu’ils pensent qu’on ne doit pas prier publiquement pour le pape.
256 possibilités ! C’est anarchique ! Quel bazar ! Faut-il une autre preuve de l’absurdité de s’éloigner de l’Eglise de Notre Seigneur Jésus Christ ?!
Mise au point
En mettant mes lecteurs en garde contre l’erreur du sédévacantisme, loin de moi l’idée de fermer les yeux sur les divagations modernistes et droits-de-l’hommistes de l’Eglise, qui traverse une crise, et c’est justement cette crise qui envoie des âmes se perdre dans le schisme. La bonne réponse à cette crise, c’est le courant traditionaliste, c’est-à-dire les catholiques qui restent catholiques. Être un catholique qui reste catholique, cela se manifeste principalement par deux actes :
En aucun cas cela ne peut consister à claquer la porte comme un adolescent en crise.
Le faux argument de l’infaillibilité
Parfois, pour justifier leur révolte, les sédévacantistes vont chercher des arguments « juridiques ». L’un des arguments que j’ai le plus entendu, c’est que le Concile Vatican II étant couvert par « l’infaillibilité du magistère ordinaire universel », celui-ci ne peut pas tomber dans l’erreur, or il y tombe au moins sur la question de la liberté religieuse. Si on suit la logique des sédévacantistes, ce qui s’est passé au Concile est impossible, sauf si Paul VI n’est pas pape au moment où l’erreur est proclamée. Là encore, pour comprendre de quoi il retourne vraiment, je vous renvoie vers le livre Le Sédévacantisme :
En réalité, si l’on acceptait ce raisonnement, il faudrait dire que toute l’Eglise catholique a disparu à ce moment, et que « les portes de l’enfer ont prévalu contre elle ». Car l’enseignement du magistère ordinaire universel est celui de tous les évêques, de toute l’Eglise enseignante.
En réalité, l’enseignement du Concile et de l’Eglise conciliaire n’est pas couvert par l’infaillibilité du magistère ordinaire universel. En effet, le magistère conciliaire ne se présente pas comme enseignant des vérités à croire ou à tenir « de façon ferme et définitive ». L’enseignement conciliaire ne se présente plus comme « nécessaire au salut » (c’est logique, puisque ceux qui le professent pensent qu’on peut se sauver même sans la foi catholique).
N’étant pas imposé avec autorité, cet enseignement n’est pas couvert par l’infaillibilité.
On peut dire la même chose des lois liturgiques (nouvelle messe, nouvelles canonisations…) et canoniques (nouveau Droit canon) posées par les derniers papes : elles ne sont pas couvertes pas l’infaillibilité, alors que normalement elles auraient dû l’être.
Le pape est pape
Pour ceux qui pensent que le pape ayant des idées hérétiques, il n’est donc plus le pape, (raisonnement amusant de la part de gens qui, du coup, se font schismatiques) je laisse au père Garrigou-Lagrange le soin de vous répondre (en conclusion du traité De Christo Salvatore que je vous invite à lire) :
Le pape est constitué membre de l’Eglise par sa foi personnelle, qu’il peut perdre, et tête de l’Eglise visible par la juridiction et le pouvoir qui peuvent coexister avec l’hérésie interne. L’Eglise apparaîtra toujours visible comme une réunion de membres « placés sous une tête visible », à savoir le pontife romain, bien que certains de ceux qui apparaissent être membres de l’Eglise puissent être des hérétiques intérieurs.
Et voici un autre extrait révélateur de ce traité :
Tandis qu’une tête physique ne peut exercer d’influence sur les membres sans recevoir l’influx vital de l’âme, une tête morale, comme l’est le pontife romain, peut exercer une juridiction sur l’Eglise même si elle ne reçoit de l’âme de l’Eglise, aucune influence de foi interne et de charité.
Ma conclusion
Pour en finir avec la tentation sédévacantiste, je vous invite à vous comporter en adultes responsables, ou en enfants de Dieu, à faire, comme en politique, preuve de bon sens élémentaire : si l’Eglise de mon Seigneur est en danger, je ne la quitte pas en la montrant du doigt, mais je reste pour y tenir fermement l’héritage catholique qui m’a été transmis depuis le premier pape Pierre, en priant pour que le chef actuel revienne dans le droit chemin. C’est cela, être catholique !